Lundi 3 et Mardi 4 juin, chaud et lourd, averses orageuses… le temps devient instable

3 juin, le temps du travail à la Margirondière a basculé, l’herbe a poussé, diablement poussé… et les eaux du lac n’en finissent pas de baisser… C’est devenu le temps des finitions, et se mêle celui d’un entretien soucieux de ce qu’on va montrer à un public prévu pour le 14 juin. J’ai expliqué l’enjeu de ce nouveau temps du travail sur le site, défendu l’idée de respecter les herbes bordant les chemins et tout particulièrement en dehors… Pas toujours simple, mais nous arrivons à maintenir le cap.

Sommes partis chacun de notre côté pour entretenir les chemins, arranger l’herbe, tester nos endroits, comme Hervé me l’a fait remarquer, j’avais dit : ” il est plus difficile de ne rien faire (peu) que d’agir (trop)”. Nous sommes entrés dans cet époque du faire peu… du regarder, écouter, méditer, tester.

J’entreprends de poursuivre mes séances de portraits : le tour à Nico dans sa réalisation…

Mettre des piquets le long de certains sentiers, juste border un côté, et puis, dans le sous-bois : entrelacer des tiges de frênes suffit, ou bien une tige à faire courir horizontalement sur un bord ; Hervé et José s’en occupent.

Dans l’enclos à boucs, José poursuit l’accrochage des nouvelles pousses de ronces : les accompagner pour étoffer la clôture. Les bancs dans la cabane ont toujours autant de succès…

 

Circuler en empruntant les sentiers est devenu une nécessité, c’est les éprouver et en vérifier l’état, Aurélien travaille à les faucher méthodiquement à la débourssailleuse.

Nous vivons maintenant le site dans ses recoins, son intimité, nous en sommes devenus familier, nous l’habitons.

Dans l’après-midi, Viviane, la présidente de l’association, nous rend visite, elle dit vouloir s’imprégner du lieu pour préparer son discours de réception du public le 14 juin. Tous l’écoutent avec attention (faut dire qu’elle nous a amené de délicieux gâteaux avec du thé!). Nous faisons un tour, appréhendant les différents espaces d’intervention, et Viviane finit en testant l’Observatoire à Nico : elle trône, invoquant je ne sais quels esprits du lieux (d’ailleurs on les devine sur l’image, halos mystérieux semblant répondre à notre grande prêtresse qui les a sollicités pour nous attirer leur bonne grâce).


4 juin, la météo n’est pas terrible, avons entrepris de refaire nos panneaux, 3, à chaque entrée possible. L’entrée qui arrive du chemin bordant le lac en direction de l’Ouest avait disparu, le refaire et adapter la taille des plaques aux documents à venir mercredi de la semaine prochaine…

Bientôt midi, nous nous apprêtons à rentrer à l’éclaircie pour notre pause, 4 marcheurs arrivent, je commence à blaguer avec. Ils font une ballade autour du lac, le pique-nique est dans le sac. Hum… je les sollicite et leur propose notre table du bateau-chinois : les conduire, tous ensemble, en file indienne. Nos compères sont ravis, en profiter pour leur parler du projet. Sentir l’intérêt et le plaisir d’avoir trouver où s’assoir.

L’après-midi, je demande à Rashid et Yann de poser dans la cabane de l’enclos à boucs…

Un nouveau groupe débarque, 2 femmes et 2 hommes qui marchent aussi le long du lac, des habitués d’après ce que je comprends : ils sont d’Angers, disent connaître le site, se souviennent comment c’était en avril… Ils disent apprécier aujourd’hui le résultat, la différence, avec cette végétation qui a masqué, tout recouvert, faisant ‘paravent’, ou plutôt ‘paravue’, avec des havres que nous avons construits avec délicatesse. Nous apprécions ces rencontres qui nous font comprendre combien ce lieu est finalement fréquenté, et que des visiteurs ont remarqué notre présence, découvrant nos affaires…

Plus tard je sollicite l’équipe pour avoir du mouvement dans les sentiers, afin de les photographier dans cette ambiance magique d’une Margirondière généreuse.

J’ai eu l’impression que commençait un travail de deuil : savoir qu’on va bientôt quitter le site, l’abandonner, ou plutôt l’offrir au public ; c’est s’en dessaisir. Nos marches témoignent peut-être de ce moment ou la satisfaction du travail mené au bout se mêle (déjà) à la nostalgie : la perte pressentie d’un paradis qu’on s’est lentement ‘construit’/donné, ce qu’est finalement tout jardin. La Margirondière est devenue notre jardin.

 

 

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[Images et textes : courtesy Gilles Bruni, « La Margirondière » résidence artistique à l’Éclaircie, Cholet]

Site internet : http://www.gillesbruni.net/

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