Mardi 12 février, grand beau temps : pas de vent, une belle gelée.

Aujourd’hui, c’est le jour des gondins! Rendez-vous 8h30 à l’Éclaircie avec Émilien, préparer le matériel de piégeage. Départ vers 8h50, arrêt : prendre du carburant pour la barque… Sommes avec Livaye, José, Rachid et Yann. A la Margirondière, nous nous garons près du point d’embarquement, près de l’entrée du site. Le temps est magnifique, froid mais tellement lumineux. Il a gelé, de belles couleurs…

Rachid et Yann partent nettoyer le chemin qui mène directement au parking. José a apporté les pommes, l’appât à ‘gondin’. Avec Livaye, ils mettent les 9 cages qui restaient dans l’esquif. Ils vont à l’avant de la barque, Émilien à la barre, et moi à côté. Le moteur ronronne, glisse sur le miroir d’eau. Je me tiens debout, appuyé sur les cages, l’appareil photo à la main ; j’observe… Nous nous dirigeons à droite, dans le bras du ruisseau des Arcis, devant nous les foulques courent sur l’eau avant de s’envoler lentement. Faisons le tour des pièges : vides. Jean-Charles est avec son équipe sur l’autre berge, ils refont la clôture : salutations en passant…

Maintenant, direction l’autre rive lac, au Nord, vers d’autres pièges. Visiblement vides eux aussi. Le bateau commence à longer la berge, j’accède avec gourmandise aux détails de l’endroit, habitué à scruter d’en face, de la Margirondière…

Des chevaux descendent à notre passage ; deux petites caravanes : “sans doute à des pêcheurs” me dit Émilien. Nous butinons, de cage en cage, toujours rien…

La berge se fait plus abrupte, un feu en haut. Par moment, j’imagine le lit encaissé de la rivière. Livaye et José vérifient que les pièges n’ont pas trop dérivé, s’il y a toujours des pommes. Émilien me montre des trous de lapins, d’ailleurs il en aperçoit deux : on se prend à imaginer des lapins dans nos cages, ça nous fait rire. José remet des morceaux de pomme. Émilien fonce, plutôt au centre du lac, une main au-dessus des yeux pour scruter un objet flottant, doit dériver ; il me demande de le photographier, il l’enverra à Julie de l’ADC… Sur l’eau Livaye aperçoit un ‘gondin’ : il plonge ; reparaît ; replonge… Plus loin des grèbes, se tiennent à bonne distance. Émilien me signale que nous sommes arrivés au niveau de l’île aux mouettes, elle a disparue, submergée ; plus loin, en amont, on aperçoit un groupe de mouettes…

Puis, nous filons, piquons à gauche, à droite… Livaye et José commencent à poser les cages amassées dans la barque : José se saisit d’une cage, se penche sur l’eau ; Livaye tient le corps-mort ; José finit de placer un bout de pomme, et la cage est mise à flot ; le corps-mort est lancé ; des gestes précis. Ça y est, Livaye et José distinguent un animal dans un piège, nous approchons, la bête est plutôt petite, apeurée. José saisit le flotteur, le ‘gondin’ s’est réfugié d’un bout non s’en avoir tenté de l’intimider, peine perdue, d’un geste assuré José renverse la cage ; nous reprenons notre route. L’animal va se noyer. Nous reviendrons plus tard, le récupérer, mort, pour le ramener avec nous à terre, c’est la règle.

Les manœuvres se poursuivent jusqu’au passage sous la route qui mène vers l’Oumois. Pas de nouveaux ‘gondins’, se sera la seule prise. Le château de l’Oumois se dresse devant. Émilien s’engouffre sur la droite dans le tunnel, jusqu’au déversoir : la différence de niveau s’est bien estompée avec la montée des eaux. Émilien me fait remarquer que nous avions vu l’endroit il y a deux mois, la Moine n’était alors qu’un filet d’eau, plusieurs mètres en dessous, j’ai du mal à accuser l’écart.

 

Accostage, pause café, sommes au bord de la route : nous échangeons sur l’endroit ; notre chance avec le temps… et nous repartons tranquillement le long de cette berge lacustre récupérer l’animal mort : José retourne la cage et se saisit de la bête ; il me la présente ; je repense au ‘gondin’, à sa mise à mort… Avec Émilien nous évoquons alors la question des ‘nuisibles’, notre responsabilité dans l’introduction du ragondin comme nombre d’invasifs.

A l’approche de notre point d’embarquement Émilien me propose de m’emmener voir le site de la Margirondière, avec la barque je vais approcher les saules parmi lesquels j’avais déambulé avec Nadège, j’adore. Avec la matinée qui s’écoule, je ne cesse de repenser à Grand-Lieu et à la sortie avec Arnaud de la Cotte en mars 2017, même type de temps : tempête de ciel bleue et eau sirupeuse, lisse… C’est la même magie qui opère aujourd’hui.

Retour à terre, midi, José sort le ‘gondin’, Émilien entreprend de remonter le moteur dans le camion ; ils me disent qu’ils poursuivront demain leur tache sur le lac. Yann et Rachid apparaissent, il est temps de repartir.

Demain mercredi, rendez-vous avec l’élu à l’environnement à l’ADC, après nous pourront (enfin ) passer au projet…

 

 

———————————————————-

 

[ Images et textes : courtesy Gilles Bruni, « Itinérance » résidence artistique à l’Éclaircie, Cholet ]

Print Friendly, PDF & Email