Mercredi 7 novembre, temps couvert, vent en rafales, risque imminent de pluie.

9h10, sommes sur le départ. Ça souffle, les nuages filent dans le ciel chargé, j’attends sagement dans le taxi-brousse que tout le monde arrive.

Rachid vient avec nous aujourd’hui, par contre, pas de Fred… Nous retournons sur le même site. En prenant le chemin, tout le monde s’excite, une dizaine de cailles s’égaient sur notre gauche, rapidement vers le fond du champ. Pas le temps de photographier. Hamed s’imagine déjà manger les cailles avec du riz et un bon coca. Nous rions de bon cœur,  règne une bonne ambiance… Aurélien arrivera plus tard, avec Antoine sont partis chercher des piquets au jardin, un autre site de l’Éclaircie qui sert à entreposer du matériel.

En arrivant sur le site, direction l’escalier. Rachid et Hamed creusent en bas pour récupérer de la terre. Arnaud est remonté tailler des piquets.

Samiha et Arnaud ne tardent pas à redescendre avec le reste du matériel : le chantier s’installe en bas.

Je regarde sur le côté et prend conscience que des arbres sont couchés sur l’eau, comme posés, on dirait qu’ils s’y appuient : là un noisetier, un peu plus loin un robinier, c’est très graphique.

Il y a quelque chose de luxuriant dans cette végétation, pas mal de fougères, et à flanc, sur des rochers, plus ensoleillés sans doute, des nombrils de vénus. Encaissé, l’endroit, doit être très protégé et maintenir l’humidité.

Se recentrer sur le chantier : Rachid passe les seaux de terre à Samiha, le manège se prolonge, j’observe la scène.

 

10h15, le bois pour les piquets arrive, on entend le son mat des lisses-bois qui s’entrechoquent. Antoine ne tarde pas à apparaître, Aurélien suit un peu plus tard. L’équipe est réunie.


 

C’est le moment opportun pour faire la pause. Arnaud nous engage à en profiter pour s’installer en haut et prendre le café. Une discussion s’engage : Hamed parle de ses problèmes avec la MSA, la prime d’activité n’est toujours pas versée… Les échanges se font plus vifs, il est en difficulté et n’est pas seul dans ce cas, c’est récurrent : “pourquoi ?” lâche-t-il. L’interrogation revient souvent. Les concernés ont beau faire des démarches, il n’y a pas d’interlocuteur ou bien les employés ne savent pas… “Rien ne change d’une fois sur l’autre, ça se reproduit encore et encore et ça peut durer 2 mois, 3 mois”. Je sens l’agacement, la grogne légitime : va falloir encore aller au bureau de Cholet… Après cette pause animée, Arnaud m’expose la situation et me fait part des difficultés que de nombreux salariés rencontrent avec la MSA.

  

11h, c’est la reprise, Aurélien et Antoine se postent au milieu de l’escalier, à reprendre une marche : sur le côté faut prévenir l’effondrement, consolider. Avec Arnaud, ils cherchent une solution. Les finitions demandent du temps, un travail de précision : adapter le matériel à la situation, tailler des pièces de bois sur mesure, caler, enfoncer, ramener de la terre pour combler…

 

Les détails sont longs à régler, on n’y échappe pas, en bas c’est pareil, le groupe s’y attelle… Arnaud est parti voir, faut tailler de nouveaux piquets, régler la hauteur des dernières marches… et arranger le côté qui menace de s’épancher : la terre va glisser et la marche se dégrader, pouvant même devenir dangereuse à l’usage. Samiha continue de répandre de la terre et tasse avec ses pieds, Rachid continue de creuser pour extraire de la terre et Hamed se lance dans la consolidation du côté défaillant. A force, l’équipe parvient à monter une protection.

 
 

“Va quand même falloir ajouter une dernière marche”, sinon c’est trop haut fait remarquer Arnaud. Hamed l’entreprend. A peine terminée, une promeneuse de rose vêtue apparaît comme ça, sans crier gare, c’est louche, ses chaussures semblent tout droit sorties d’un emballage, immaculées. Elle ne semble pas réelle cette marcheuse. Elle nous demande à emprunter l’escalier, nous lui cédons courtoisement le passage, je la suis des yeux, elle disparaît rapidement. Zut j’aurais dû la faire parler de cet escalier rénové, de sa praticité, de son ressenti… Regrets.

 

11h50, cri : un seau tombe à l’eau, c’est pas le premier, mais cette fois il va un peu plus loin. Rachid et Antoine se sont portés secours, ne sait pas nager le seau, menace de couler. Rachid fini par l’attirer avec sa pelle et le hisse sur la berge : victoire! Tout sourire, nos sauveteurs font démonstration de leur satisfaction. L’épisode a ravivé notre bonne humeur…

 

 

Midi, temps du retour au bercail. Arnaud me dit qu’il faudra quand même revenir pour soigner les derniers détails : “on se crée des détails, on adapte à chaque marche.” Tout le monde remonte, c’est le chargement des outils, Rachib est à la manœuvre et manque de se faire mal en redescendant du 4×4… Aurélien et Antoine sont déjà repartis, nous prenons le chemin, tranquillement. Arrivés au niveau de la ferme de la Morlière, Arnaud reconnait un homme au loin et s’arrête près de lui. Semble familier de nos équipages, le monsieur, normal, c’est un ancien de l’Éclaircie : Jean-Marie! Il a commencé en tant que trésorier en 1992 puis a été coordinateur du jardin, toute une époque…

 

Cette fois nous rentrons pour de bon, hélas, nous ne mangerons pas de caille ce midi…

 

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[ Images et textes : courtesy Gilles Bruni, « Itinérance » résidence artistique à l’Éclaircie, Cholet ]

 

 

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