Mercredi 3 octobre, matin : temps couvert, fait meilleur que la veille, plus doux.

Deuxième matinée avec l’équipe à Jean-Charles. Le départ tarde, Morgan grogne un peu. Il faut emmener le 4×4 au contrôle technique.

Willy nous a rejoint aujourd’hui. Avec Mike, partent de leur côté. Ils doivent prendre de l’essence pour la broyeuse… Najat pas là, elle s’est blessée au genou. Le travail en extérieur c’est toujours assez physique.

Je retrouve le chemin qu’on avait pris la veille pour rentrer, par La Tessoualle. Descente vers le barrage, il apparaît : la vue dévoile la vallée. A gauche des roches émaillent un champ pentu, Jean-Charles commente : “on appelle ça ici des chirons, c’est une protection contre l’agriculteur”. Je ris.

A l’arrivée, Jean-Charles équipe Morgan, lui met le casque sur la tête, ça lui donne une drôle d’allure : je fais un portrait.

Willy sort la broyeuse, elle semble bien lourde et ne se laisse pas débarquer facilement.

Bruit : l’engin dévore et crache des copeaux de branchages et de ronces. Ça vole tout autour.

L’équipe est maintenant à plein régime : couper, tailler, tirer au croc et transporter à la fourche, pour finir : broyer… Willy alimente le monstre affamé, lui ramène des broussailles fauchées avec la fourche. On dirait qu’il la nourrit. Pas d’exportation ici, tout est broyé sur place.

C’est un matin pas calme, entre la chute d’eau et la broyeuse, l’espace sonore est saturé.

 
La berge est maintenant dégagée. Hier après-midi l’équipe a bien avancé, la rivière est redevenue visible ; on verra évoluer les kayakistes dimanche. Elle dévoile ses dessous : je remarque un bel enrochement sous du lierre… De part et d’autre c’est plein de trous de mulots. Dans une saignée, des crottes de chien : deux trous ont été agrandis par l’animal, sans doute à la recherche des occupants… On pourrait même imaginer la scène.

Mike observe à son tour les lieux et furète… Dit sa surprise : “ici il n’y a pas de poissons, normalement ils aiment remonter le courant”.

10:30, pause café.
Avec Max, on remonte, je prends des brins de saules marsault dans un tas de broussaille. Je les apporte à Mike pour blaguer, mais il se prend au jeu et les effeuille… Il entreprend de faire un tressage, raté, ça casse… Il n’est pas surpris. Je prend l’ouvrage et le retourne, écarte les brins, et pose au sol sur ses drôles de pattes l’étrange animal. On se prend à commenter la forme de la tête : “fait penser à celle d’un renard”.

 
 

11h, faire un tour ensemble : causer, regarder, commenter, donner du sens au lieu… Willy montre un cadavre et se demande de quel animal il s’agit : un oiseau, un cormoran ? Le bec est pointu… sans doute une buse variable, en tout cas un rapace. Mike nous entraîne voir la tête d’une poupée prise dans des racines sur la berge, elle est bien coincée.

 

 

L’heure est la détente, Willy donne le ton, règne une bonne humeur, c’est contagieux…

Il est temps de repartir : ranger…

J’embarque vite fait Jean-Charles. Aller voir l’enrochement que j’avais vu. Discussion sur un nettoyage possible. Nous nous accordons sur l’intérêt de dégager les pierres tout en gardant du lierre et en coupant juste quelques prunelliers… Rendre les pierres bien lisibles. J’imagine que ça serait un travail d’orfèvre, un petit bijou à laisser sur le site, comme la signature de l’équipe.

En remontant, une rainette apparaît, comme un cadeau que nous fait le site avant de repartir. Elle tente de gagner une branche basse mais nous faisons main basse sur le batracien, fort peu farouche du reste. Je la ramène à l’équipe qui s’apprêtait à monter dans les véhicules, elle passe de main en main, enfin presque… S’accroche à nos doigts, saute et s’agrippe au vêtement de Max : il sursaute ! Mike la reprend délicatement et s’en va la déposer dans un roncier ; elle retrouve son milieu de vie et nous le nôtre : l’Éclaircie. Pause déjeuner.

 

———————————————————-

[ Images et textes : courtesy Gilles Bruni, « Itinérance » résidence artistique à l’Éclaircie, Cholet ]

 

 

 

Print Friendly, PDF & Email