Jeudi 28 mars 2018, beau temps, du vent d’ouest ride l’eau.

L’équipe m’attendait, nous faisons le point pour définir l’état d’avancée des chantiers et prévoir les besoins. Ce matin, faire le tour de ce qui est en cours : l’œuf -> prévoir des temps pour introduire de l’herbe sèche ; l’enclos à bouc -> refaire les attaches avec la ficelle de sisal, prévoir le banc et poursuivre l’introduction de bois mort pour finir l’encos ; le bateau avec la vue -> poursuivre l’enclos de l’abri en poupe, pas besoin de nouveaux piquets, Yann à mis de côté des tiges de saules à planter ; je rappelle les chemins à faire de Max et José, tracer avec du ruban de chantier.

Ensuite, je liste : saules -> barre à mine ; (piquets : en attente) ; table à prévoir (bateau) ; petit banc (enclos) = planches et rondins ? ; débroussailleuse pour les chemins ! prévoir des copeaux ; sécateurs,  force, masse, ficelle.

Nous prenons le boxer, Sylvain nous dit que ce serait plus facile avec un camion, mais sommes 8, c’est trop… Chacun enfourne des tiges de saules à l’arrière, ça passe… Aurélien conduit. En arrivant avant la Tessouale, en tournant à gauche, je regarde dans le pré à droite, j’espère voir le gondin qui vient manger à proximité du ruisseau : hé oui… il est là ! Tout le monde commente, plaisante et parle du piègeage, Yann, José…

10h, j’ouvre la barrière, on file jusqu’au bout, pas de pêcheur aujourd’hui… Aurélien fait une marche arrière pour faciliter le transport des saules. L’équipe a visiblement hâte de voir le site, sont partis devant. Je retrouve Hervé à l’entrée, il me montre l’emplacement du banc qu’il voudrait construire et installer pas loin du chemin, il se retourne et dessine avec ses bras la forme du cadre de la vue sur le lac, il prévoit aussi de couper des branches qui descendent et vont gêner le regard. José passe, avec une brassée de saules, d’autres lui emboîtent le pas… Nous nous dirigeons tous vers le site du bateau, un tas de tiges est au sol, une partie de l’équipe s’affaire déjà…

Tout le monde n’est pas là en fait, j’aperçois Willy, je le rejoins, avec Rachid et Yann les trois compères ramassent du bois mort pour l’enclos, peut-être avec l’idée de construire une table. Nous discutons, et je relance plutôt la nécessité de poursuivre l’enclos.

 

Willy part déposer son bois et nous rejoignons le groupe qui s’affaire autour de l’enclos du bateau. C’est clair, le groupe a décidé de travailler sur ce projet : plus qu’à suivre le mouvement… José, Aurélien, Hervé et Max sont en train de réfléchir à l’arrière de l’ouvrage ; Hervé commence à repiquer des tiges de saules sur un côté, il tient à cette idée depuis qu’il est arrivé sur le site… Willy entame l’autre côté : la barre mine creuse, il enfonce une tige… l’action est simple, elle sera répétée par les uns et les autres tout autour. José, lui, a commence l’arrière du bateau. Je sens bien qu’il se forme des groupes de travail. Des besoins se font rapidement sentir pour tenir les saules, des transversales sont nécessaires sur les côtés. Je pars en sous-bois couper des frênes, je me contente de nourrir le chantier, apportant un appui logistique, proposant à l’occasion une solution technique pour conduire cette forme naissante. Quant à José, il a son idée pour le fond, avec Yann ils entrelacent les saules. Yann entrevoit les tiges qui vont faire des feuilles…

Le chantier avance vite maintenant, chaque groupe gère un côté à sa façon, ce qui n’est pas sans provoquer quelques comparaisons ou critiques amicales. José fait remarquer que sur le côté à Willy, c’est brouillon. Faut reconnaître que ce côté qui est plus long avec un arbre au milieu, en retrait, ne tient rien du tout : va falloir renforcer. On palabre : proposer de renforcer avec des travées de frênes, et d’en mettre pour faire des piquets… Faut adapter et s’adapter.

Le chantier devient plus difficile : pour améliorer une meilleure tenue des barrières, je pars chercher des tiges de frênes avec José : assez fines et très longues, Max prend la suite au gré des besoins. Plus tard, c’est au tour d’Hervé de partir à la recherche de frênes, mais plus forts cette fois, pour renforcer ce qui est branlant.

Rachid me dit qu’il est 10h30 passé, l’heure de la pause café… Tout le monde s’installe autour de la bûche qui sert de table, ça plaisante bien.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Aurélien semble un peu perdu, peut-être dépassé par l’avancée rapide du chantier : la poupe prend corps, l’idée d’un abri s’est incarnée : faut se faire à la forme que prend l’ouvrage… c’est assez brutal.

Les différences s’atténuent entre les cotés : on cherche en faisant, des solutions améliorent la tenue des barrières ; l’un d’entre nous (je ne sais plus qui a lancé l’affaire) suggère que les saules pourraient faire une voûte : ça y est l’idée arrive et j’en profite pour lui donner du poids : “pourquoi pas utiliser des tiges de frênes”, José enchaine : “oui, les courber et les relier”, aussitôt dit, aussitôt fait. Un premier arceau préfigure une voûte. Je sens l’adhésion du groupe. Le chantier est relancé, une nouvelle énergie anime l’équipe…

Après un moment de satisfaction où chacun regarde le résultat, jauge, prend du recul, la construction suscite de nouvelles appellations, l’imagination est à l’œuvre : “le hangar chinois” et “le bateau déglingué échoué” reviennent dans les échanges… Ça fait rire Willy.

Les gars repartent vers “l’enclos à bouc” avec les tiges de saules restantes. Willy veut refaire les nœuds pour assurer la bonne tenue de la cabane. Je fais remarquer à Max qu’à force de circuler entre les deux sites nous avons commencé à faire un chemin. Max renchérit : “oui, et entre le sentier de randonné et le site du bateau aussi”. La semaine prochaine nous passerons la débroussailleuse pour bien marquer ces passages ; nous pourrons même tester le broyat sur le sol. Voilà une nouvelle piste de travail : suivre nos usages du lieu pour décider des chemins… Willy et Yann sont contents, il faudra continuer à mettre des tiges de saules, ils voudraient que du vivant s’installe et habille l’habitacle.

Suis retourné sur le site du “hangar chinois – bateau échoué”, je retrouve Aurélien pensif, José est là aussi. J’apporte une bûche et un piquet, j’en fait une table. Encore une bûche en guise d’assise et Aurélien s’installe, observe, jauge le matériel et devient plus loquace : il imagine le matériel pour faire sa table, son emplacement sous l’avancée de la tonnelle… Ça y est la tonnelle est adopté! Ouf, il s’y projette… Avec José nous observons et apprécions la scène, avec la vue sur le lac, tout au bout de l’étrave…

Va être l’heure de rentrer, doit être midi. Avec le retour du groupe sur le site du bateau, je sens Hervé à fond : il s’installe sur une bûche et se saisit d’une fourche en guise de barre et simule le marin qui tient son cap, on sourit, embarquement immédiat!

 

 

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[Images et textes : courtesy Gilles Bruni, « La Margirondière » résidence artistique à l’Éclaircie, Cholet]

Site internet : http://www.gillesbruni.net/

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