| Matin, rendez-vous à l’Éclaircie, Émilien, Jean-Charles et Romain sont là : partir vers le lieu de rendez-vous, un parking près d’un étang près de Le Pin dans les Deux-Sèvres, entre Mauléon et Bressuire, une séquence plessage avec l’équipe des encadrants. C’est la 2ème rencontre internationale du plessage qui a lieu du 5 au 9 mars 2019 dans les Mauges et le Bocage Bressuirais. Au programme aujourd’hui : “De 9h à 17h, chantier de plessage ouvert à tous et des échanges de pratiques autour du Land Art”
On doit passer prendre Guillaume chez lui… petites routes : le chemin s’étire… Sylvain nous rejoint directement là-bas. Je suis le camion avec mon fils Clément, curieux de voir cette pratique. Arrivée un peu avant 10h. Sommes accueillis, photo de groupe au programme… Yves de Mission Bocage s’occupe de nous, il a prévu une séquence de plessage, nous expose son projet à l’aide d’un dessin. Il explique la technique mise en œuvre, les raisons et l’intérêt : la pratique est fort ancienne en Europe du nord. Elle a servi aux paysans qui devaient à la fois garder leurs bêtes et protéger leurs champs [https://www.rencontre-plessage.com/la-deuxieme-rencontre/]. Chaque communauté a développé ses variantes techniques, s’adaptant à la végétation, aux usages.
Yves nous explique avec des mots souvent inconnus comment sont nommés des branches et leur mise en forme, des outils utilisés : des sortes de serpes et des croissants ; la tronçonneuse et les haches pour les gros sujets, ont connait ; des maillets de bois impressionnants pour enfoncer des piquets… Nous écoutons studieusement. Partout autour les gens s’activent, des groupes se sont formés, les anglais sont à l’arrière de leur véhicule et aiguisent méticuleusement leurs outils.
La matinée se déroule, chaque groupe s’est installé en des points prévus, la plupart sont partis de l’autre côté de l’étang. Yves commence par nettoyer la haie, c’est la première étape, on repère les bois à conserver et à utiliser. Il enlève du mort “ça régénère” les noisetiers. Chacun vaque librement, Émilien, Romain et Jean-Charles aident Yves ; Sylvain discute avec un ancien. Il me parle ensuite du “benje” : des haies mortes, faites de branchages ; ça permet de laisser germer des arbustes et les protège des animaux jusqu’à donner naissance à une nouvelle haie. Le principe est intéressant : j’imagine… Ça me rappelle le roncier qui remplit aussi cette fonction de régénération forestière.
J’adore l’outillage que je aperçois posé ça et là près des chantiers : je photographie… Yves porte dans son dos une espèce de serpe à fendre les branches… Plus loin des maillets et des masses en bois, impression d’être dans un film d’heroic fantasy avec tout plein d’armes barbares : tranchoirs et casses têtes en tous genres ! Qu’est ce que les arbres dégustent…
Vers 11:30, Yves nous fait une présentation des livres de Georg Müller : impressionnant ! Deux gros volumes d’une multitude de haies, muret et barrières de toutes sortes…Nous partons ensuite chercher des gaules de l’autre côté de l’étang ; j’en profite avec Clément pour aller visiter nos voisins… Dans l’ordre : le gallois, l’équipe des Flandres, le gars d’Oxford, ceux du Perche et du Morvan, les hollandais, en face les allemands, tout au bout, plein d’entrain, les jeunes de bac pro ‘Gestion des milieux naturels et de la faune’.
Au retour nous avançons chez nos voisins de droite, Sylvain a flashé sur les nœuds de la barrière plessée. Une dame lui précise la méthode : mélange de mains. Sylvain refait un nouage, seul… Vérification : impeccable, le nœud est bien serré, esthétique : il est fier de son nœud d’arrêt!
12:45, les estomacs crient famine : pause déjeuner, nous allons à Cerizay, à 6 km environ. Tous d’accord : le déjeuner est mauvais, les critiques fusent… Retour sur site : l’équipe est encore motivée. Objectif : finir d’accompagner d’Yves pour avancer ce plessage. Clément et Émilien entreprennent d’apprendre aussi à faire des nœuds, mais sont trop lâches, Sylvain en profite pour chambrer Émilien…
Visiter les autres, c’est un rituel : où en sont-ils ? échanger, regarder… dans le chemin qui grimpe, ils sont pas mal alignés à œuvrer de concert ; les jeunes du lycée voisin en bac pro donnent des coups de mains à droite à gauche, sympas. Le groupe travaillant au bout est sur un plessage original, plus esthétique que fonctionnel : un grand m’explique les usages des plesses pour des enclos et des exclos… intéressant, je ne connaissais pas le terme.
16h20, nous retournons voir les autres, en ordre dispersé : croisé Guillaume… puis Romain… Le gallois termine son travail, excellent, c’est un perfectionniste, il se fait prendre en photo. Au retour, Emilien et Romain sont avec Yves, ils terminent l’ouvrage… Avec Sylvain et Clément nous trouvons la taille sévère, les belles cépées de coudriers ont cédé la place à une barrière… Avec Sylvain on s’interroge sur le devenir de ces haies vives, qu’en est-il de l’entretien, de la durée dans le temps de ces ouvrages ? Je sens qu’une enquête va commencer! Émilien prend la pause sur la barrière : je photographie.
Vers 16h50 nous sommes rassasiés, d’un commun accord nous décidons de rentrer. C’est la fin de la communauté du plessage, Sylvain monte dans sa voiture, le quatuor dans le camion et nous, dans ma vieille voiture… Retour dans nos pénates, satisfaits d’être venus voir, essayer, échanger. Une belle journée.
Qui sait, peut-être aurons-nous des occasions de remployer cette technique…
—————————————- Une définition du plessage : “Le plessage consiste à entailler la base des arbres d’une haie sur plus ou moins les trois quarts du diamètre de leur tronc afin de les rendre flexibles, pour pouvoir les incliner et les tresser de part et d’autre de piquets morts ou vifs, pour former une clôture végétale vivante.” [http://plesseur-du-nord.over-blog.com/2015/10/la-technique-du-plessage-en-quelques-mots.html]
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[ Images et textes : courtesy Gilles Bruni, « Itinérance » résidence artistique à l’Éclaircie, Cholet ] |
