Lundi 14 janvier 2019, temps couvert, frais humide, quelques éclaircies.

8h20, retrouvailles avec les équipes après plus de 3 semaines d’interruptions. Je vais accompagner Jean-Charles sur le site de Touvois près d’un château : de l’abattage en vue avec débardage à cheval.

8h50, démarrage, je prends le Boxer, première fois que je conduis lors d’une sortie… Passage au ‘Jardin’ de l’association, Mike descend du véhicule pour prendre le tracteur avec la remorque. Je poursuis avec Salahadine, nous retrouvons Jean-François qui vient de Tours avec ses chevaux au rond-point de Maulévrier.

Sommes maintenant en convoi, 9h15, nous arrivons à Touvois, un cul-de-sac : se garer. Manœuvrer pour que tout le monde trouve sa place.

9h25, Mike arrive, il place la remorque sur le site, une sacrée équipée ce matin, sommes de plus en plus nombreux..

Marcher le long du plan d’eau, faire la reconnaissance du chantier. Jean-François et Jean-Charles jaugent l’à faire.

Ce n’est pas fini, j’aperçois Romain qui arrive maintenant avec son équipe… puis Nadège, elle est accompagnée d’un bénévole. Tout ce monde est curieux d’une entreprise peu banale. La fragilité du site a imposé le choix de ce mode de débardage, il est gorgé d’eau, un ruisselet le traverse, pas large, un tracteur défoncerait le terrain. Je comprends que l’Éclaircie a l’habitude de travailler avec Jean-François et ses deux percherons sur des sites difficiles. Ce choix est un engagement.

9h40, Jean-Charles donne ses instructions et Jean-François sort ses chevaux : spectacle, tout le monde observe l’arrivée des artistes, les chevaux nous regardent aussi, s’ébrouent, semblent nous saluer d’un hochement de tête…

 

Maintenant ça fait préparatifs pour une opération militaire, chacun à son poste. Commence le chant agressif et lancinant des tronçonneuses : arbres qui tombent et chevaux qui vont et viennent en tirant leur charge, raclant la zone humide au passage. Jean-François ‘manage’ le duo, lui parle doucement : “reculer les gars”, les chevaux s’exécutent avec précision, tourner, s’arrêter, tirer sans heurts un tronc, j’aime observer leur relation… Mike assiste Jean-François sur l’abattage des arbres, ils se complètent. A l’autre bout, Max, José, Salahadine et Willy débitent le bois.

 

 

10h15, Arrivée de Julie, Christine et Anabela de l’ADC ; Julie, en donneuse d’ordre, vient voir l’entreprise, comment se déroule le travail du débardage.

Nadège me dit qu’ils concentrent le travail, Jean-François ne vient pas pour rien, il vient de Tours avec ses chevaux… il sera là jusqu’à mercredi.

10h30, Le chantier tourne à plein régime, beaucoup de bois à débiter maintenant, Max envoie les bûches d’un jet dans la remorque, impressionnant.

10h45, pause café. Christine a apporté des galettes. Jean-François raconte un chantier récent : “c’était gras comme le fond d’un ruisseau” ; c’était à Roussay, avant Noël, il a ramé… C’est qu’il faut aussi tenir le rythme derrière les chevaux.

11h10, reprise, j’aperçois Julie et Jean-François qui s’éloignent, font le tour du site, elle donne ses consignes.

11h35, ça se corse, un arbre est bloqué, un gros aulne, les chevaux sont arrêtés. Ne pas les mettre inutilement à la peine. Faut reprendre l’arbre, dans l’eau, Jean-Charles le monte à califourchon, l’attache plus avant et Mike l’aide, finissant par tronçonner une des deux grosses branches charpentières. Le débardage reprend, méthodiquement jusqu’à l’évacuation totale de l’arbre.

12h10, retour au centre pour le déjeuner, je laisse le Boxer au ‘Jardin’ pour Mike, qu’il puisse rentrer à son tour, va mettre du temps avec le tracteur… Avec Salahadine, nous rejoignons le camion de Jean-François. Pour l’après midi on attend des renforts, Émilien viendra broyer avec Omar, Divaye, Naja et Yann. Jean-Charles me dit qu’il y en aura pour la semaine entre le débardage, les coupes, l’évacuation et le broyage des branches…

13h30, reprise, on s’en retourne sur le site. Émilien nous retrouve peu après avec la broyeuse. La troupe de choc est là, se mettant aussitôt à nourrir l’ogre qui rugit à chaque fournée. La remorque se remplit vite de copeaux.

14h35, 2 promeneurs à la poursuite des chevaux, la femme se met presque à courir… cherchant à photographier la traction hippomobile à l’œuvre : “y’a pas à dire, le débardage fait l’attraction”.

14h50, nouveau promeneur qui passe sur le sentier auprès de la zone d’abattage. J’observe la trace de boue, telle l’action d’un peintre qui travaillerait à l’échelle du site : un grand geste de peinture, avec chevaux, bouquet de branches (en guise de brosse) et traînée de boue raclée dans la toile verte du site.

15h20 d’autres promeneurs à l’horizon, c’est louche, ils doivent se passer le mot… Une femme âgée apparaît avec des bâtons de marche ; le garde-pêche qui était passé dans la matinée est revenu avec sa femme… Pour un cul-de-sac, ça en fait du passage.

Pause café. Jean-François plaisante, il est en pleine forme, il jauge l’humain comme un cheval et vice versa, ses commentaires nous font rire. Ce moment signe la fin de ma sortie sur le site, je reviendrai jeudi, pour la visite des sites repérés avec Nadège autour du Verdon mi-décembre.

 

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[ Images et textes : courtesy Gilles Bruni, « Itinérance » résidence artistique à l’Éclaircie, Cholet ]

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