Mardi 6 novembre, matin gris humide, quelques gouttes de pluie.

Doit être 9h, je monte dans le 4×4 vert. Arnaud qui encadre l’équipe m’explique : “on fait beaucoup de balisage de sentiers de randonnée. L’éclaircie fait l’entretien, mais il faut bien distinguer l’entretien du balisage, on ne fait pas les deux ensemble.” Sur le siège arrière Hamed et Samiha. Dans l’autre véhicule qui nous précède, Aurélien conduit, avec lui : Antoine et Frédéric. En arrivant près de la Romagne, Aurélien s’arrête pour prendre Viviane, la présidente de l’association, elle nous accompagne une partie de la matinée.

Aujourd’hui, construction! On va rénover un passage, c’est technique : des marches et une rambarde. On n’est pas très loin du Moulin du Bouchot.

Arrivée à proximité du site à 9:35, en marche arrière!…

Descendre les affaires des véhicules et franchir une barrière. Hamed est prudent, les clôtures sont électrifiées, il a déjà goûté. On débouche en file indienne dans le chantier de découpe des piquets. Devant, une vue saisissante, nous surplombons la Moine : le panorama offre une large vue, un arbuste masque un peu sur la gauche…

Bruit d’un avion qui passe.

La vallée est ici encaissée, en contrebas j’aperçois un pêcheur : il ne bouge pas, presque un élément de décor.

 

Arnaud passe les consignes, l’équipe s’active, a transporté des piquets, faut les descendre maintenant? Se tenir à la rambarde toute neuve, ne pas glisser…

Le chantier se déploie dans la pente, impressionnant. Hamed entreprend aussitôt de tailler une marche, Antoine enlève les pièces de bois usées, ils vont remplacer.

 

Plus bas, Fred prend des mesures, Aurélien est lui resté en haut avec la tronçonneuse. Bruit agressif de l’engin : tailler des piquets et des traverses pour refaire les marches.

Va être 10h, fait frais, le temps est calme, le paysage semble plat, gris, un peu voilé. Suis maintenant près de la rivière, la Moine est large, elle dessine un coude. A côté, Samiha est en train de damer de la terre pour l’aplatir, donner forme à une marche, Fred lui donne un coup de main.

Viviane s’en va explorer l’aval, là-bas elle va trouver le moulin… Elle commente en longeant la rivière : un ruisseau à sec, la végétation, la rivière… Elle s’éloigne. Visiblement elle apprécie les lieux, elle n’était jamais venue dans ce coin.

Je me recentre sur le chantier, observe les gestes, j’aime ce travail en duos où l’un et l’autre se complètent : passer un piquet, tenir le mètre ruban, ou la traverse pendant que l’autre plante un piquet. L’équipe est rodée à l’exercice, on sent l’efficacité…

Arnaud est allé prêter main forte à Aurélien, il en profite pour descendre des piquets et nourrir le chantier. A ce rythme l’escalier sera vite fini.

 

10h15, des gouttes de pluie… Là-haut, un tas de bois se forme : les anciennes marches.

Je prends plus le temps de regarder autour, de m’arrêter sur des détails que j’avais aperçus ou qui m’avaient échappés.

 

 

Redescendre : vision de l’équipe dans l’escalier en hélice, vertige.

Pause, il est 10h30, Fred dit de penser à ranger les outils, des randonneurs pourraient passer.

 

 

Fred nous parle avec passion du cornet de frites vol-au-vent de sa région d’origine, le Nord, à la frontière belge. “Et le filet américain, tu connais pas ? C’est le cousin du tartare.” Tout le monde rit, et ça discute… “Dis donc, le café, ici, c’est le luxe : café et pancakes fourrés.”

11h, fin de la pause. Je parle du projet que je mène avec l’Éclaircie, peu de réactions, ils écoutent. Fred nous fait encore rire. Viviane s’est décidé à repartir. Tant de reprendre le chantier, chacun à son poste, à sa marche. Aurélien continue le transport du bois, Arnaud donne ses directives, Fred prend de la terre tout en bas pour Samiha, elle façonne une marche… Je m’écarte lentement du site pour faire un saut du côté du moulin, envie de voir l’aval comme Viviane. L’espace s’ouvre au ciel, traversé d’une passerelle, avec au bout ledit moulin ; j’y devine la chaussée. S’attarder un instant et s’en retourner en pensant à ce chemin de randonnée, il est sympa.

 

Au bord de la rivière je remarque des sureaux qui poussent comme de l’yèble, l’espèce herbacée qui lui ressemble tant.

En arrivant au chantier, finalement, je poursuis, jusqu’à l’endroit où j’avais vu d’en haut le pêcheur. A l’approche, j’entends que ça s’anime, ça cause, ils sont deux en fait, l’un d’eux était caché par la végétation. Ils s’affairent, une gaule ploie, semblerait qu’il y ait un poisson. J’observe. Une branche émerge de l’eau. “Si si… il y avait un poisson… sans doute un brochet”. Encore là ? Non! Il a cassé la ligne, plus de vif : déception. L’autre pêcheur lâche la branche, s’en va rejoindre son poste. Je les quitte pour rejoindre l’équipe.

Arnaud annonce qu’il est temps de plier bagage, il est midi. Il évoque rapidement le chantier de l’après-midi e basta, retour aux véhicules.

Allure d’équipée en brousse, on se suit sur la piste…manque un troupeau de gnous et des zèbres dans le lointain. Bon, arrêter le délire, c’est les Mauges, il fait gris aujourd’hui et la pluie menace.

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[ Images et textes : courtesy Gilles Bruni, « Itinérance » résidence artistique à l’Éclaircie, Cholet ]

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